Les nouveaux esclaves by Vincent Demonty

Auteur:Vincent Demonty
La langue: fra
Format: epub
Tags: Osons-nous imaginer le futur ? Quelle réponse aurons-nous apportée aux grands défis de ce siècle, dans vingt ans, et à quel prix ? Que se passera-t-il quand les villes concentreront tous les avantages écologiques d’un nouveau système de vie – transports en commun, villes végétalisées, habitations en énergie passive, grands supermarchés bio – et que les périphériques, laissées à l’abandon, deviendront les territoires perdus et non écologiques de nos pays ? C’est à ce lointain tout proche que s’attelle l’auteur, en poussant la dystopie jusqu’au bout. Après les sous-territoires, il y aura bientôt les sous-hommes, pauvres bougres tenus éloignés de l’écologie et du monde qui va vite et loin. La question du dérèglement climatique est au centre des débats politiques et devient l’une des lignes directrices de toute discussion internationale. La hausse des températures, la fonte des glaces, les catastrophes naturelles qui se multiplient… La question qui se pose légitimement est : quel sera notre avenir ?
Éditeur: La Boîte à Pandore
Publié: 2020-04-08T00:00:00+00:00

David

Le commissariat central de la rive droite. Poste avancé des patrouilleurs. À égale distance des deux principaux ponts menant en zone réservée.

Une double porte vitrée à laquelle il me suffit de montrer mon visage pour qu’elle me laisse entrer. La mention de mon rendez-vous avec l’inspecteur Ledy me vaut d’être conduit au second étage dans une salle d’attente qui, si je n’y étais seul, ressemblerait à celle d’un cabinet médical. La lecture y est différente aussi : « Petit guide pour protéger votre habitation du vol ». « Que faire avant une visite ou un séjour en zone réservée ? » Le fumage de la fenêtre me laisse me voir suffisamment bien pour vérifier que ma poche revolver dissimule efficacement le voicecorder. Les vingt premières minutes d’enregistrement ne seront riches que des nombreuses fois où je me lève et marche vers cette fenêtre avant de regagner, suçant mon impatience, mon siège. Brigade des mœurs.

—Monsieur. Vous savez quel jour on est ?

Je ne peux pas répondre à ses politesses manquantes. Je ne comprends pas le sens de sa question. Elle me surprend dans ce local que je faisais mien et qu’elle viole. Elle me désarme.

—Bonjour, on est mercredi, nous avons rendez-vous aujourd’hui.

—Non, pas du tout. Aujourd’hui, je ne suis même pas censée être là, je suis passée pour une urgence et on m’apprend que vous m’attendez dans la salle d’attente. C’est demain que nous nous voyons.

—Ah bon ! Vous êtes bien sûre de ce que vous dites, parce que...

—Quand vous m’avez contactée au début de cette semaine, nous avons déjà parlé longuement et je vous ai proposé un rendez-vous jeudi ou vendredi et vous avez choisi « jeudi ». C’est bien juste ?

—...

Je ne suis vraiment pas content. Une fois encore, j’ai la nette impression qu’on joue avec mes pieds et qu’on essaie de me faire passer pour un con. Il semble que ma tête en dise suffisamment sur mon exaspération.

—Ne le prenez pas sur ce ton-là, monsieur. Je ne pourrai de toute façon rien y faire.

—Ah, c’est facile ça.... Moi, je me déplace et puis...

—Aujourd’hui, c’est simplement impossible. Inutile d’en parler plus. Ce n’est pas une question de principe, si j’avais le temps, je vous recevrais, mais ce n’est pas envisageable. Si je pouvais rester, je ne vous renverrais pas à demain. Mais c’est comme ça.

—Effectivement, le constat est sans appel. Je me suis trompé encore une fois. Comme d’habitude.

—Et je n’y suis pour rien. J’ai été simplement étonnée de vous voir là. Ce que je dois savoir maintenant, c’est si nous gardons notre rendez-vous pour demain. Vous viendrez ?

—Ah mais naturellement que je viendrai. Quelle question ! À vous voir, on croirait que cela vous tape sur le système nerveux.

—Non, ce n’est pas ça...

—Je suis épuisé. Cette histoire me pompe toute mon énergie. Je n’en peux plus.

—Sachez que tout cela vous fatigue, rien ne vous force à poursuivre. Si vous n’en pouvez plus, on peut le signaler dans votre déposition.

—Comment ça, le signaler dans ma déposition ?

—Si vous dites

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